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La bibliomancie a permis de prédire mon avenir
J’ai découvert la bibliomancie par hasard. Le plus bel hasard qui soit, il faut le dire ! Etudiante en droit et vendeuse dans une librairie à mes heures libres, je passais le plus clair de mon temps à voir entrer et sortir des clients qui, après avoir passé une demi-heure à farfouiller, s’en allaient sans rien prendre.
Et puis j’ai fait la connaissance d’Adèle, une dame d’environ 40 ans qui venait constamment dans la librairie et repartait sans rien prendre. Un jour où j’étais de mauvaise humeur, je lui ai fait part de la chose, pas de la manière la plus sympathique. Elle s’en est excusé et m’a dit qu’elle venait uniquement parce qu’elle avait besoin de conseils à partir des citations qu’elle triait au hasard dans des livres : elle pratiquait la bibliomancie, une technique de divination qui consiste à tirer des prédictions dans des livres. J’en ignorais l’existence jusque-là. Elle me précisa qu’elle était voyante et que c’était son domaine. C’est ainsi qu’elle ouvrit un livre au hasard et me lut une phrase, au hasard total. Elle paraissait absente quand elle se plongea dans sa lecture et finalement insista pour m’expliquer ce qu’il en était. On parlait d’un inconnu haï de tous et rejeté des siens, dont l’autre serait l’ancre, la pierre, le soutien.
Il a fallu près de six ans plus tard pour que, défendant un homme accusé d’escroquerie, je fasse la connaissance de Bertrand, un chef d’entreprise qui s’est retrouvé abandonné par ses collaborateurs face à ce scandale. Je n’ai pas tout de suite fait le lien. Après la fin du procès que nous avons brillamment gagné, Bertrand est devenu un ami très proche, et beaucoup plus tard, le père de mes trois filles et mon époux, bien entendu. Ce n’est qu’après cela que tout me revint en à l’esprit comme dans un songe. La dame de la librairie, le vers tiré d’un poème et la prédiction qui allait avec. J’ai appelé ma troisième fille Adèle, en souvenir de ma rencontre avec cette prêtresse de l’avenir.